samedi 9 juillet 2011

Daniel Léveillé - Danse de la nudité, nudité de la danse...

 Dernière représentation ce soir pour le Festival de Danse de Marseille avec une chorégraphie du québécois Daniel Léveillé intitulée "Amour, acide et noix"...
  Production assez particulière de par le travail de son auteur qui "fait du corps nu la matière principale de sa danse"

 Sur scène, quatre danseurs nus donc - trois hommes et une femme - corps émaciés m'évoquant les peintures d'Egon Schiele sauf pour l'un d'entre eux (détonation volontaire ?) au physique imposant d'athlète.
 "La nudité renvoie l'homme à sa simplicité physique en accentuant ses singularités corporelles. Elle fait planer sur le spectacle et ses gestes aux accents gymniques un mystère insoluble" dit le chorégraphe...






 Etrange spectacle en effet que ces corps nus mis en scène de façon plus rythmée et proche de la gymnastique que de la danse - comme si la sensualité inhérente à la plupart des chorégraphies (même en danse contemporaine) aurait adouci et fait en partie oublier cette nudité même... La nudité n'est peut-être pas le sujet mais elle n'est pas montrée pour être aussitôt masquée par quelques effets que ce soit.
 Pas de beauté particulière non plus pour "enrober" ces corps exposés au regard...
 Pas d'échapatoire à ces corps nus donc - le spectateur est renvoyé à la crudité de la nudité - et de toute façon, il n'est pas là par hasard...
 Pas vraiment de voyeurisme ressenti non plus pour autant,  ni aucune connotation sexuelle...

 Alors quoi ?
Une danse qui n'en est pas vraiment une - plutôt des sauts, quelques portés, beaucoup de poses et des postures inconfortables ;
Un fond musical alternant Vivaldi et rock allemand avec une prédominance pour les violons baroques ;
Pas vraiment de plaisir visuel ni d'émotion qui m'auraient emportée...
Une expérience alors, une performance qui pousse à la réflexion - mais je préfère ressentir que réfléchir lorsque je vais voir de la danse !

 La confrontation à une nudité brute, jamais enjolivée ni réellement charnelle mais presque violente, renvoie à nos similitudes - un corps nu n'est pas marqué socialement, il nous rend à l'évidence de notre ressemblance primitive, il nous identifie et nous défait de nos apprêts - mais elle est aussi une image de notre fragilité évidente : nous ne sommes que cela et parfois moins encore...
 
 Daniel Léveillé veut "amener sur la scène une certaine dureté de la vie" à laquelle il a été confronté au travers de la rencontre avec un junkie vivant dans la rue et qu'il a côtoyé pendant sept ans (l'acide du titre de la chorégraphie renvoie à la drogue)... Il nous parle d'exclusion et de solitude donc et d'un monde où la vie et le corps sont maltraités : l'effet est voulu et bien rendu.

Quant à moi je ne suis pas vraiment séduite mais intriguée et réflexive... dommage que la rencontre avec la compagnie ait eu lieu après la représentation d'hier !

Pour en savoir davantage, la page du FDAmM ici et une vidéo .

2 commentaires:

  1. J'ai regardé cette émission hier Janvier 14, 2012, à Recife - Brésil, le spectacle est très beau, une danse de cloche vraiment impressionnant. Très beau.

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  2. Une danse de cloche dites-vous ?... Quand je repense au spectacle, ce terme illustre parfaitement certains mouvements des danseurs...
    Merci de votre passage et de ce commentaire !

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